Après le périph : the seamy side of Paris /1/
PORTE DE LA CHAPELLE, 18ème
Entre Paris et la plaine Saint-Denis, on trouve cet endroit, un quartier à la fois si proche et si loin de la capitale, à la fois dedans mais coupé du reste, isolé. The same blanket but reversed.
Carrefour routier indispensable au nord de l'agglomération parisienne, Porte de la Chapelle crie au désespoir. Laissée à l'abandon par les politiques locales comme nationales, sauf lorsqu'il s'agit de travaux visant à redorer l'image de la ville, c'est ce qu'on appelle souvent un "ghetto", un lieu où un ensemble hétérogène mais marqué dans sa totalité par la misère, la drogue, la prostitution, les masses de migrants, (sur)vit et cohabite. C'est ce qu'on aime voir comme une "no-go-zone", comme un secteur qu'il ne faut pas approcher (presque dans une optique hygiéniste), qui n'a rien à faire ici, qui ternit l'image et la réputation d'une ville considérée pendant longtemps comme /la plus belle ville du monde/. En faisant cela, en tournant le dos à ce et ceux qu'on ne veut pas voir, à qui la chance n'a pas souri, on refuse de leur accorder notre considération. On refuse de les voir comme des personnes, des humains, à la fois innocents et d'une certaine manière responsables, qui subissent une réalité dure au quotidien, qu'on oublie et qu'on occulte. Cette douleur, leurs besoins d'exister et de sentir exister, ils sont légitimes.
Je mentirai si je disais que je n'ai pas eu moi même du mal à me détacher de ce que j'ai pu ressentir sur le moment, de mes propres émotions. J'avais peur d'aller parler à ces gens qui souffrent, d'un face-à-face entre mes idéaux et la vie concrète de personnes qui s'accrochent comme elles peuvent à ce qu'il leur reste, à ce qu'il leur permet d'oublier, à l'image d'un homme rencontré là-bas, à la tombée de la nuit, avec un ami. Une fois les dix euros donnés par ledit ami pour que le sans-abri se nourrisse, ils disparaissent tout au bout du quai de la station Marx Dormoy, où l'homme s'est payé de quoi consommer (une seringue). Comment lui en vouloir ? Comment le condamner quand nous sommes tous responsables de cela ?
Comme toujours, il faut décentrer notre regard pour observer ce qu'on ne veut pas voir, ce qu'on ne voit pas ou qu'on ne peut comprendre. Il ne faut pas avoir peur de se confronter à ça.
Marcher dans ces rues et prendre des photos peut paraître vain quand on connaît la brutalité de la situation. Mais baisser les bras n'est pas une option. Il faut parler, écrire, peindre, chanter, être généreux pour lutter contre ces injustices. Mes armes sont ma plume et mon appareil, et vous ?
Une fois par mois, des photographies sur le thème /the seamy side of paris/, à l'instar de cet article, seront publiées sur www.millenaryart.com. N'hésitez pas à envoyer des photographies prises par vous dans le même esprit que cette série d'images, qui seront publiées (avec vos crédits bien entendu) ici. C'est un thème particulier, un peu différent de d'habitude ; mais comme pour les autres thèmes, il lève le rideau sur quelque chose qui mérite notre attention.
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