GROWTH - Être soi n'est pas une mode
: « Soyez simples comme les colombes ».
Recette pour exceller « dans l'air du temps « :
"Oser être soi".
Retourner à ses bases, ses valeurs, son essence, ses principes. Ou les plus plébiscités.
Détester l’excès, les excentricités, la surconsommation et la surexposition. Sauf quand c'est subtile.
Être naturel même en étant sophistiqué. Et même quand naturel veut dire contrôle excessif de l'image.
Respirer et vendre le #real. Comme un hashtag pour s'autopromouvoir.
Sponsoriser ses états d'âme, de préférence sur les thèmes en TT sur Twitter.
Prendre ou donner des cours de développement personnel, un parmi tous ceux qui pullulent sur la toile. Bonne volonté, altruisme ou opportunisme ? Là n'est pas l'importance.
Critiquer sur les réseaux sociaux, dans les groupes chat et dans les médias une société avilissante qui nous empêcherait d’exister. Qui nous rendrait esclaves. Ou plutôt esclaves de nous mêmes.
Une question se pose alors.
Est-ce qu'on peut être soi même, quand la réelle récompense est de réussir à le prouver aux autres ?
Quand en cherchant par tous les moyens à être unique, marginal, on désire l'unanimité ?
Pourtant, être soi-même n'est pas une mode. Ce n'est même pas « dans l'air du temps «, où en réalité, la conformité au monde est reine.
C'est prendre le risque qu'on rejette ce qu'on en est, sans que cela ne nous affecte. C'est avoir tant confiance en notre identité, qu'on ne cherche ni à l'imposer, ni à la défendre. C'est ne pas se laisser modeler, par des consignes qui ne durent qu'une saison.
Voyage en terrain coloré avec un électron libre. Zaya en /terra nova/.
JUST. DO. YOU : se libérer des diktats du monde… pour être à la mode du monde.
Je me présente, je m'appelle XYZ, et j'aimerais savoir comment être moi-même."
Résolue à embrasser le culte du « Be yourself ! », XYZ se présente sur un blog, afin qu'on lui montre où chercher. La vraie question : "Que dois-je montrer pour être qui je suis ?".
Être soi, devient, globalement, le vecteur puissant d'un culte personnel. Qu'importe le prix, il faut être différent, vivre de sa différence et du fait qu’on nous trouve différent. Le seul moteur pour nous garantir une identité "particulière".
Parce que nous avons le sentiment de vivre enchainés par la "société", comme un personnage fictif qui nous empêche d'exprimer ce qui se cache au fond de nous, il faut absolument se libérer. Se libérer du superficiel en entrant dans un sur-amour de soi. Il ne faut pas vivre la vie de nos parents, d'un autre. Il ne faut pas répondre aux appels d'un monde ennuyeux où nous ne serions que l'ombre de nous-mêmes. Il faut plutôt se construire un nous qui ne doit pas être celui d'un autre. Il faut se démarquer.
Et pour cela, pas besoin de chercher bien loin. Pour tomber sur son identité propre, il suffit de choisir soigneusement dans la palette qui nous est proposée : hypebeast, vintage, casual, casual chic, street, engagé, désintéressé, self-absorbed, ésotérique, féministe, spirituel, healthy...
Au final, rien n'a vraiment changé. S'il était avant question de choix, aujourd'hui c'est un impératif. Libérez vous des lois qui vous contrôlent, en étant vous-mêmes, mais pas trop. En choisissant qui vous voulez être parmi les identités qui sont "in".
Mais la mode, comme le monde, change et n'est pas éternelle. On le sait. C'est donc par rapport aux autres mais aussi pour les autres, qu’on est ce qu'on est.
"Connais-toi toi-même" (Socrate). Singularité, intimité.
Le but du jeu : être le plus singulier possible, et par conséquent être nu, à découvert. Doublement. Montrer nos failles, celles qu'on laisse se montrer, mais aussi celles qu'on n'arrive plus à masquer. Le manque de confiance en soi ou d'estime de soi. La peur du jugement. La sensation d'inutilité. Un ego démesuré. Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ?
Pour aller "à la rencontre de soi", pas besoin d'être Descartes. Ni Socrate. Pas besoin d'être philosophe. Vivre dans le monde, parmi les vivants, c'est se laisser, ne serait-ce qu'à faible dose, façonner par lui. Ce qui n'empêche pas d'apprendre à se connaître, si on le veut. Par pour la mode. Par pour autrui. Oser être soi, ce n’est pas aider les autres à mieux nous identifier mais faire sincèrement preuve d’authenticité. C'est accepter d'être influencé sans se laisser absorber par autrui.
C'est connaître, posséder, ne pas subir ses héritages, son passé, ce en quoi on place notre espérance, ce en quoi on croit, ce qui nous anime, nous passionne, ce qui conduit notre vie. Trouver notre base. Notre fondement au-delà d'un monde qui bouge.
Plus qu'une tendance, c'est un processus, une croissance qui se joue au niveau de la conscience, spirituellement, humainement, et non pas avec un compte Instagram.

"Qu'est-ce que le bonheur sinon le simple accord entre un être et l'existence qu'il mène ?" (Camus)
"Qu'est-ce que le bonheur sinon le simple accord entre un être et l'existence qu'il mène ?" (Camus)
Etre soi, être simple.
Alors, si on en croit l'air du temps, on pourrait suivre l'avis de Léonard de Vinci, pour qui la "simplicité", ou plutôt la facilité à rendre simple et fluide ce qui est compliqué, est la "sophistication extrême" ?
"Être soi" en 2019, c'est faire preuve de la plus grande des audaces. En croisade contre le complexe, les ornements, on s'arme de nouveaux apparats : paraître simple, la nouvelle mode.
Pourtant, dans cette mise en scène permanente de soi, on s'éloigne de toute simplicité. Une simplicité réelle qui est au coeur du principe même de vivre en accord avec soi-même.
« Soyez simples comme les colombes » (Matthieu 10:16)
« Laissez-vous attirer par ce qui est humble » (Romains 12:16)
« Voici la seule chose que j’ai comprise : Dieu a fait les êtres humains simples et droits, mais ceux–ci ont tout compliqué » (Ecclésiaste 7:29)
La simplicité n'est pas hypocrite envers elle-même. Elle ne triche pas. Elle n'emprunte pas aux autres. Elle n'est pas ambigüe. Elle reste claire et sobre. En clair, être simple, c'est être vrai avec soi-même sans jamais attendre un like en retour.
Clap de fin.
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